Au fil du 20e siècle, le développement accéléré de l’automobile et de la plaisance a nécessité une amélioration continue de la sécurité. La sécurité routière et celle des bateaux de plaisance ont également connu un progrès spectaculaire. Pour permettre ce développement, les pouvoirs publics ont mis en place des normes, les constructeurs de bateaux et de voitures ont travaillé sur des designs et équipements plus sûrs, et les sociétés d’assurance ont responsabilisé conducteurs et skippers.
Historique
Au 21e siècle, demeurent essentiellement les risques inhérents à l’être humain – fatigue, routine, alcoolémie, stress, panique… – aussi appelés « facteurs humains », qui coûtent extrêmement cher aux usagers, à la collectivité et au bilan des assureurs. La tentation est grande de vouloir retirer l’humain et de tout automatiser. Cependant est-il sans risque de vouloir retirer l’Homme du système ? Comment diminuer les fameux « facteurs humains » sans diminuer notre liberté ?
Chez Safetics® nous pensons comme tous les véritables humanistes, que la liberté de penser et de s’exprimer, la liberté d’aller et venir, et plus généralement la liberté de décider ce qui est bon pour nous, sont des droits fondamentaux de l’être humain, consubstantiels à la démocratie.
Le voyage et le transport comportent toujours une part de risque qu’il convient au skipper ou au conducteur de réduire au maximum par sa compétence, la connaissance des équipements et des systèmes d’aide à la décision, et l’utilisation de check-lists.
1. Histoires comparées des voyages en mer et sur terre
Un élan de liberté !
Durant l’Antiquité les premières règles de navigation sont instituées et les premiers phares côtiers sont construits pour éviter les collisions entre bateaux et assurer une navigation plus sûre de jour comme de nuit. Ainsi le phare d’Alexandrie servit de guide aux marins pendant près de 17 siècles (du IIIe siècle av.J.C. au XIVe siècle). Il fut érigé sur l’île de Pharos en Égypte qui donna son nom au mot « phare ».
Avec l’essor de la marine à vapeur dans la première moitié du XIXe siècle, on assiste à la mise en place d’un premier code international des signaux maritimes à l’initiative de la Marine Britannique, publié en 1857. Il a pour but de réduire les collisions entre des navires devenus plus nombreux et plus rapides. C’est aussi l’époque à laquelle les premières stations de sauvetage en mer voient le jour en France et en Angleterre.
Quelques décennies plus tard, le moteur à explosion remplace peu à peu le transport en calèche. L’accélération de l’industrie automobile au début du XXe siècle est fulgurante. Les premières réglementations de la circulation automobile sont rapidement créées ainsi que les premières sociétés d’assistance routière. On dit que le premier feu de signalisation routière électrique serait apparu en 1914 à Cleveland dans l’Ohio.
Des innovations pour limiter la casse :
Dès la fin du XIXe siècle, des harnais de sécurité équipent les pilotes de certaines courses automobiles ainsi que certains taxis. Cependant il faut attendre les années 1960 pour voir l’introduction des ceintures de sécurité de série telles que nous les connaissons, et parfois plusieurs décennies selon les pays pour que leur port devienne obligatoire.
On attribue à Aristote cette citation : « Il y a trois sortes d’hommes, les vivants, les morts et ceux qui vont sur la mer. » En effet à l’époque, un homme qui tombait à la mer était un homme mort. La navigation a donc été révolutionnée par l’apparition des premiers gilets de sauvetage en liège créés en 1854 par les britanniques, et par les premiers gilets de sauvetage autogonflants créés en 1915 par les français.
Par la suite, la démocratisation de la radio marine au début du XXe siècle a permis aux navires de signaler des situations d’urgence et de recevoir des informations météorologiques. Le développement de la Gonio dans les années 1920 puis celle des radars maritimes dans les années 1930 ont été capitales pour positionner les embarcations et éviter abordages et échouages. Il a fallu attendre les années 1950-1960 pour voir l’apparition de la VHF et les années 1980 pour le système GPS. Aujourd’hui, la grande majorité des bateaux de plaisance sont équipés de traceurs de carte et tablettes électroniques rendant la géolocalisation extrêmement fiable et précise sauf en cas de panne électronique.
2. Les Pouvoirs publics : créer les bonnes habitudes
Afin de démocratiser des équipements de sécurité ou des procédures de contrôle technique, et ainsi de parvenir à créer une nouvelle habitude auprès de la population, il est le plus souvent nécessaire de passer par de nouvelles réglementations parfois en réaction à une catastrophe.
Dans le domaine automobile, dans les années 1960, les premiers radars de vitesse routière se répandent en Grande Bretagne. En France ils seront véritablement répartis sur le territoire à partir de 2003 contribuant à réduire le nombre d’accidents et de morts sur la route ainsi qu’à renflouer les caisses de l’État au dépend des automobilistes.
Face au manque d’entretien des véhicules, en 1985 le gouvernement français met en place un contrôle technique obligatoire pour les achats de véhicules de plus de 5 ans puis en 1992 le contrôle technique périodique obligatoire. Ce contrôle permet une identification en amont des principaux points accidentogènes d’un véhicule : freins, pneus, suspensions, direction, etc. pour un total de 136 points qui peuvent entraîner jusqu’à 610 défaillances potentielles.
Dans le domaine maritime, c’est le naufrage du Titanic en 1912 qui donna lieu à la Convention SOLAS, acronyme de Safety Of Life at Sea. Cette convention établit des normes internationales notamment d’équipement, de formation et de procédures d’urgence. Mise à jour à quatre reprises depuis 1914, elle est aujourd’hui ratifiée par 164 pays.
La France décide également en 1960 la première réglementation sur l’armement minimum obligatoire des bateaux de plaisance, appelée aujourd’hui Division 240. A ce jour aucun contrôle technique obligatoire n’existe pour les bateaux, cependant la Mission d’Information du Sénat français sur le sauvetage en mer rappelle que ≪ tous les dispositifs de sensibilisation des plaisanciers doivent être soutenus, comme par exemple l’utilisation de check-lists de sécurité » comme Safetics® la Check-list des Marins.
3. Le rôle pionnier des sociétés d’assurance
Directement concernés par le coût des accidents, les assureurs et courtiers en assurance jouent un rôle prépondérant dans l’amélioration de la sécurité routière et maritime. Ils encouragent les conducteurs et les skippers à adopter des équipements et comportements plus sûrs et mettent en avant les innovations auprès des constructeurs et des pouvoirs publics.
Tarification basée sur les risques : les assureurs évaluent les risques associés à chaque conducteur et véhicule et ajustent leurs tarifs sous forme de bonus ou malus. Pour la plaisance, les antécédents du skipper en tant que propriétaire d’un bateau sont pris en compte dans le calcul de la prime initiale, et le montant de la franchise retenue en cas de sinistre peut être diminué à chaque année sans sinistre.
L’analyse des données pour identifier les facteurs d’accident : la collecte et l’analyse d’importantes quantités de données sur les comportements de leurs clients permet aux assureurs de contribuer à identifier les tendances, les causes sous-jacentes des accidents, et à élaborer des recommandations auprès des constructeurs et des pouvoirs publics.
L’accent mis sur la formation et l’éducation : les compagnies d’assurance investissent dans des programmes de prévention. Cela peut inclure le parrainage de campagnes de sensibilisation, la fourniture de ressources éducatives et la participation à des initiatives visant à améliorer la sécurité routière ou maritime. C’est le cas de plusieurs d’entre elles qui promeuvent activement le guide Safetics la Check-list des Marins.
4. Le rôle clé des constructeurs
Les constructeurs collaborent avec les organismes de réglementation et les assureurs et investissent dans la recherche et le développement pour répondre aux attentes des utilisateurs en matière de sécurité. Depuis 1930, les crash-tests sont utilisés pour améliorer constamment la résistance des voitures aux collisions. Le sport de compétition a aussi été un puissant vecteur d’innovation que ce soit pour le monde maritime ou routier. Les constructeurs travaillent sur des designs et l’utilisation de matériaux améliorant la stabilité et la résistance aux chocs. On distingue :
Les dispositifs de « sécurité active » qui réduisent les risques
En voiture il s’agit par exemple de l’assistance au freinage d’urgence, du contrôle électronique de stabilité, des avertisseurs de collision et des systèmes d’aide à la conduite et au freinage qui ont permis de diminuer la fréquence et l’impact des accidents.
En bateau, la conception de cockpits et de ponts plus sûrs tenant compte de l’ergonomie et de la sécurité de l’équipage ont permis une réduction des risques d’Homme à la mer. Les systèmes de propulsion modernes avec coupe-circuits, commandes électroniques, systèmes d’arrêt d’urgence et dispositifs de contrôle de puissance pour une manipulation plus sûre ont eu également un impact majeur.
Les dispositifs de « sécurité passive » qui minimisent les dommages
En voiture il s’agit par exemple des ceintures de sécurité, des airbags et des systèmes de retenue avancée. En bateau il existe de nombreux dispositifs : gilets de sauvetage, équipements de flottaison et radeaux de survie, balises de détresse, extincteurs automatiques, et autres dispositifs conçus pour répondre aux situations d’urgence.
Les dispositifs de « sécurité mixte » qui réduisent risques et dommages :
Les check-lists de sécurité validés par des experts et testés en situation réelle font partie de cette catégorie. Elles incluent la vérification des équipements en amont, la vérification des conditions de navigation et l’aide à la prise de décision en croisière et en situation d’urgence. Elles sont un complément essentiel au « manuel propriétaire » édité par le constructeur.
Pouvoirs publics, sociétés d’assurance et constructeurs rivalisent d’ingéniosité pour améliorer la sécurité en mer et routière. Restent les facteurs humains qui sont l’enjeu du 21e siècle. Doit-on laisser la place à des systèmes autonomes de prise de décision et à l’Intelligence Artificielle ?
Afin de consolider les technologies modernes tout en préservant l’autonomie humaine, il nous semble que les check-lists inspirées de l’aviation sont l’élément manquant qui permettent de remédier à la plupart des facteurs humains en palliant aux oublis – sécurité active – et en permettant une meilleure réaction aux détresses – sécurité passive.
Les check-lists sont une synthèse de retours d’expérience, source de sagesse permettant de sauver des vies, de diminuer les accidents et d’économiser du temps. Elles permettent au conducteur ou skipper d’améliorer la sécurité tout en préservant son autonomie et sa capacité de décision, synthèse entre l’esprit de bon père de famille et d’aventure !
Guillaume de Corbiac et l’équipe Safetics